mercredi 13 novembre 2013

Moule zébrée ou "dreissen"

La moule zébrée (Dreissena polymorpha) est un mollusque bivalve d'eau douce d'origine russe (bassin de la mer Caspienne). D'une taille plus petite que ses cousines marines, elle se nourrit comme elles de plancton et petites particules de matières organiques par filtration de l'eau.




 
Zebra mussel (GB), Mejillón cebra (E), Zebra muschel (D), Racicznica zmienna (Poland)
 Critères de reconnaissance
Bivalve de 20 à 30 mm de long
Fixée ventralement par un byssus
Coquille couverte de zébrures
Deux siphons séparés
 Distribution
Dreissena polymorpha est originaire de la mer Noire et de la Caspienne. Fixée aux coques ou transportée dans les ballasts des bateaux, elle envahit progressivement, depuis 1770, les écosystèmes d’eau douce d’Europe et d’Amérique du Nord (Canada: bassin inférieur des Grands lacs et du Saint-Laurent).
 Biotope
Dreissena polymorpha est trouvée la plupart du temps dans l'eau douce stagnante (lacs et étangs) mais elle est aussi présente dans les fleuves et rivières. On la trouve en grappes d’individus serrés sur les pierres, les chaînes, les pilotis, les coques des bateaux, tout objet dur immergé… sur d’autres moules… jusqu’à 50 mètres de profondeur.
 Description
Dreissena polymorpha est un mollusque bivalve à la coquille couverte de zébrures d’où son appellation de moule zébrée. Elle est de couleur vert jaunâtre avec des lignes brunes en zigzag. Elle peut être seulement rayée de blanc ou de beige mais cette ornementation est parfois discrète ou même absente. Elle atteint une longueur de 30 à 40 mm. Elle dispose de deux siphons (un pour l’entrée et l’autre pour la sortie de l’eau).
Comme la « moule marine », elle dispose d’une glande (le byssus) qui sécrète des filaments qui se solidifient dans l’eau et lui permettent de se fixer sur un substrat dur (roches, pieux, autres bivalves...).
 Autres noms scientifiques parfois utilisés, mais non valides
Dressensia driessena

Invasivité

Considérée comme invasive dans de nombreux pays où elle a été répandue hors de son milieu d'origine, elle peut former des « récifs » très épais et compacts.
Venue de l'Europe de l'Est via les canaux, puis transportée par les navires, elle a envahi progressivement les écosystèmes d'eau douce d'Europe et d'Amérique du Nord en se fixant sur la coque des bateaux et en colonisant peu à peu de nombreux canaux, lacs et cours d'eau.
Cet organisme invasif cause d'énormes problèmes aux utilisateurs d'eau en obstruant des conduites, en bloquant des écluses ou en rehaussant les radiers.
Elle peut supplanter puis éliminer d'autres espèces moins résistantes.

Vecteur de bucéphalose larvaire

Elle sert d'hôte aux larves de Bucephalus polymorphus, vecteur de la bucéphalose larvaire chez de nombreux Cyprinidae1.

Consommation

Cette espèce n'est habituellement ni consommée, ni commercialisée, et elle peut accumuler des quantités importantes de toxines, dans la chair, mais surtout dans la coquille (métaux lourds) qui lui sert d'organe de protection contre les substances toxiques.
Le rat musqué en consomme de grandes quantités en hiver quand les nourritures végétales manquent. Les moules ouvertes et mangées par le rat musqué sont reconnaissables car toujours ouvertes de la même manière.
Elle constitue un biointégrateur et un bioindicateur intéressant en termes de biosurveillance (elle bioaccumule dans sa chair et dans sa coquille un grand nombre de polluants, dont certains radioactif.

Origine du nom français
L’ornementation de sa coquille.
 Origine du nom scientifique
Dreissena : probablement dédié à Dreyssens (un pharmacien bruxellois) par van Beneden qui est le créateur du genre.
polymorpha : du grec [poly] = nombreux et [morph-] = forme, donc plusieurs formes parce qu’elle revêt des dessins et des formes variables selon les souches.
 Alimentation
Les moules zébrées sont des filtreurs actifs. Elles aspirent l'eau, par un siphon, filtrent la nourriture en suspension, et expulsent l'eau filtrée par l’autre siphon. Elles se nourrissent principalement de bactéries, d’algues bleues, de petites algues vertes, et de particules très fines de détritus.
 Reproduction - Multiplication
Les sexes sont séparés (pas d’hermaphrodisme).
Elle se reproduit de juin à octobre en fonction de la température de l’eau (dès que l'eau atteint 12 à 15 °C). Les ovules et les spermatozoïdes sont libérés dans l’eau en très grande quantité. Une seule femelle peut pondre 40 000 œufs pour un cycle de reproduction, 1 millions d’œufs par an. En 3 à 5 jours, l’œuf fertilisé devient une larve ciliée en forme de toupie, la larve véligère*. Pendant cet état larvaire (phase planctonique qui dure deux à quatre semaines selon la température de l’eau), la jeune moule peut voyager, avec les courants, sur plusieurs dizaines et même centaines de kilomètres avant de se fixer (phase de transition pendant laquelle les larves se fixent et se métamorphosent). La dernière phase est benthique lorsque le bivalve est fixé par un byssus comme chez les Mytilidés ; la moule zébrée peut toutefois se détacher et possède ainsi une certaine mobilité.
 Divers biologie
En Europe, la moule zébrée peut vivre jusqu’à 5 ans et atteindre 4 centimètres.
Elle se fixe sur d’autres bivalves et finit souvent par les étouffer. Les plongeurs fréquentant le plan d’eau de La Platte Taille (Belgique) ont reçu comme consigne de débarrasser les anodontes des Dreissena fixées sur elles. Certaines anodontes sont en effet couvertes par plusieurs dizaines de Dreissena. Sous le poids, elles finissent par s'enfoncer dans la vase où elles périssent.
Les travaux du Docteur De Kinkemin ont montré que la moule zébrée assume un rôle indispensable dans le cycle évolutif d’un ver parasite (Bucephalus polymorphus) qui s’enkyste dans le corps d’un poisson et y provoque des lésions presque toujours mortelles. Le sandre est l’hôte le plus réceptif.
On assiste, parallèlement à l'expansion de cette espèce, à un accroissement de nombreuses espèces d’oiseaux aquatiques plongeurs se nourrissant de la moule, chassée jusqu’à 9 mètres de profondeur (Foulques, Fuligules). Mais cela n’affecte pas le développement des moules.
 Informations complémentaires
La présence de Dreissena polymorpha a, suivant les cas, des impacts positifs ou négatifs sur les activités humaines :
Positif :
Elle a été introduite dans nombreux lacs et plans d’eau pour clarifier l'eau car elle se nourrit de phytoplancton qui rend l’eau trouble ;
Elle est un indicateur utile pour le suivi de la pollution par les métaux et les pesticides.
Négatif :
Son introduction en Amérique du Nord est l'un des grands désastres écologiques de notre temps. Arrivée initialement dans un ballast de bateau (cf. note infra) vidangé dans le lac Saint Clair (Michigan), elle s’est rapidement diffusée dans une grande partie des Grands Lacs, puis dans de plus petits lacs intérieurs, et récemment dans le bassin hydrologique du Mississippi. Les moules indigènes ont complètement disparu du lac Saint Clair au Michigan. Les larves de D. polymorpha s’accrochent aux grilles des conduites d'eau, empêchant ensuite le passage de l'eau dans ces canalisations. D’énormes bouées des « US Coast Guards », qui balisent les voies de navigation dans les Grands lacs, ont coulé sous le poids des coquillages agglutinés autour des chaînes d’ancrage et sur les bouées elles-mêmes.

EDF-DER et l’Université de Metz ont établi un modèle mathématique permettant de calculer la croissance de la coquille à l’aide de trois fonctions représentant :
- la réduction du taux de croissance en fonction de la taille ;
- l’effet de la température de l’eau ;
- et la ressource trophique exprimée par la concentration en chlorophylle planctonique.

NB : depuis 1959, ils remontent le Saint-Laurent pour atteindre les métropoles industrielles installées au bord des Grands lacs.

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